Professeur El Hadji Salif Diop : Ce Prof talentueux qui s’en est allé
Au Département de Géographie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), il existe une longue tradition. Une longue tradition d’excellence. Evidémment, nous qui sommes de la nouvelle génération, nous n’y sommes pour rien. Ou, en tout cas, pas pour grand-chose. Bien au contraire, cela relève d’une solide construction dont les fondements ont été vaillamment posés par nos Professeurs à Nous. Voilà pourquoi lorsque je vois un des nos Profs s’en aller, même à la retraite, j’éprouve de la tristesse et des doutes.
C’est en 2017 que j’ai le plus cotoyé le Professeur El Hadji Salif Diop. A l’époque, je travaillais avec des collègues du Laboratoire de Géographie Humaine sur l’organisation d’un colloque sur les villes intelligentes. Je m’en souviens parce que sa réflexion m’avait séduit, ses orientations nous avaient aiguillonnés et sa dextérité langagière m’avait laissé admiratif.
A l’élégance que lui conféraient son rang et ses talents majestueux, il savait allier l’humanisme du savant averti. Il n’a guère vécu tel un intellectuel abêti, cynique, hors-norme et hors-sol. Professeur Diop était, au contraire, un personnage rempli de sagacité. Il était d’une densité et d’une intensité intellectuelle redoutables. Malgré tout, il était resté lucide, magnifique, généreux et toujours prompt à partager une parcelle de savoirs avec l’autre, qu’il aidait d’ailleurs à défricher.
Tu le trouvais à son bureau, il avait toujours un temps pour toi. Tu le croisais dans les couloirs, pareil. Il était toujours souriant, plein de vie et de vivacité. Mais plein d’enseignements et d’expériences anecdotiques.
En écoutant les témoignages en provenance de sa famille biologique lors de la levée du corps ce matin, j’ai pu comprendre que le Professeur Diop n’était ni déshumanisé, ni désincarné. Il a su rester fils de son défunt père à qui il a voué du respect et de l’obéissance durant toute son enfance. Mais il est resté enfant de sa mère qu’il a aimée tout comme nous, qui sommes ses enfants à l’université, nous l’aimions de tout cœur. Bref, Professeur Diop était resté musulman.
Tout en disant “inna lil Laahi, wa innaa ilayhi raajihoun”, nous lui témoignons pleine satisfaction et respect. Respect à ce soldat candide et immaculé qui s’est éteint glaive à la main. Respect pour cet être qui aura vécu parmi les siens comme une bonne nouvelle. Respect enfin pour ce personnage chevaleresque qui a su faire le tour du palais décoré, sans pour autant verser l’huile de la cuillère qu’il tenait à la main.
Ce matin, j’ai revu mes Professeurs à moi. Je les ai connus, je les ai admirés et je prie Dieu de nous les laisser encore longtemps. J’ai les ai vus et je me souviens. Je me souviens de la mine du Professeur Amadou Abdoul Sow, du Professeur Alioune Ba, du Professeur Amadou Tahirou Diaw, du Professeur Lat Soucabé Mbow, du Professeur Alioune Kane. J’ai aussi vu mes collègues, plus jeunes certes, mais tout aussi dévoués que leurs mentors. J’imagine la douleur de tout ce monde éprouvé et ému. Je leur présente mes condoléances, en particulier aux autorités de l’Université et du Décanat de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, sans oublier le Chef du Département de Géographie, le Professeur Diatou Thiaw Niane. Je présente aussi mes condoléances aux étudiants, nos raisons d’être à l’Université.
Qu’Allah ouvre les portes du Paradis Firdaws au Professeur El Hadji Salif Diop. Qu’Il l’accueille parmi les bienheureux. Ceux-la qui sont, qui ont été et qui seront les Alliés de Dieu dans ce bas-monde et dans l’au-delà. Ceux-là qui hériteront à jamais de Aljanna !