Géographie de la santé, santé de la géographie

La géographie de la sante est une mal-aimée de la géographie française : si la “medical geography” est enseignée dans les universités anglophones dès le premier cycle, la Géographie de la santé n’apparaît dans les universités francaises que de facon incidente dans les premiers cycles et ne fait l’objet d’un enseignement spécifique qu’au niveau d’un D.E.A., à Montpellier [Picheral et Salem, 1992].

Que les géographes francais la considèrent comme une spécificité de Ia géographie tropicale [Lacoste O., 1993] ou du ressort de la bio-médecine et de l’épidémiologie, ils prétendent encore souvent établir la géographie de villes, de régions ou de pays sans faire réfirence à une dimension aussi essentielle de la vie individuelle et collective que la santé. Une telle idée ne traverserait pas l’esprit de géographes specialistes de I’élevage, dont les préoccupations de santé animale sont omniprésentes, ou de la végétation, dont les soucis de phytopathologie sont constants.

La géographie de la santé est également une mal-aimée des spécialistes français de l’épidémiologie et de la santé publique. Qu’ils la considèrent comme une science de I’inventaire, voire qu’ils la confondent avec la cartographie, ces spécialistes considèrent que la “dimension spatiale” des problèmes de santé n’est qu’un aspect parmi d’autres relevant de la science épidémiologique.

Que les décisions de santé publique – des critères d’allocations de ressources à I’établissement de schémas d’organisations sanitaires – peuvent se faire indépendamment de la geopraphie générale des lieux sur lesquels elles doivent s’appuyer.

Cette double surdité tient probablement à la faiblesse des traditions francaises dans le domaine de la santé publique, I’inspiration fondamentalement biomédicale de la (maigre) philosophie de santé publique en France se retrouvant dans toutes les disciplines scientifiques traitant de santé, et dans les differentes instances de décisions politiques. Les choses évoluent favorablement pour la santé publique depuis une dizaine d’années sous la pression d’urgentes nécessités, dans les pays du nord comme dans les pays du sud : prêter attention aux relations entre processus de développement et santé, agir sur les déterminants des états de santé plutôt que de s’en remettre au tout-médical, contrôler les dépenses de santé, mieux allouer les ressources, offrir une meilleure et plus égale offre de soins, tenir compte du poids économique du secteur de la santé dans la vie nationale.

Mais il y a loin des déclarations d’intentions aux changements de mentalités : des attitudes conservatrices s’observent bien souvent dans les milieux de la recherche où les forces de l’habitude. Les corporatismes, les rapports de forces institutionnels, les suffisances et les insuffisances disciplinaires jouent comme autant d’obstacles à un vrai changement de paradigme dans le domaine de la santé publique [Haut comité de Santé Publique, 1993]… Lire la suite

Source : Gérard Salem, 1995.

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3 commentaires

  1. Bonjour,

    A Assane Diallo et Magatte Fall : merci pour votre intérêt. Mercredi je viendrai avec les fiches d’inscription afin de vous permettre de choisir l’axe thématique qui vous intéresse et de vous
    inscrire.

    M. Sylla

  2. Assane Diallo dit :

    Bonjour M SYLLA je m’appelle Assane Diallo, Etudiant en Licence 1 de Geographie et je suis interessé par le concours de Slam que vous Organisez pour nous. Merci et bonne journée

  3. Magatte Fall dit :

    Bonsoir M. Sylla je voudrais participer au concours de slam merci

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