Monsieur le Président Macky Sall a juste déplacé le problème
Le moins que l’on puisse dire est que Monsieur le Président Macky Sall s’est montré extrêmement sensible aux problèmes de sa jeunesse, et notamment des étudiants. Il faut être particulièrement nihiliste pour dénigrer les actes qu’il a posés, allant des appuis consentis en direction de la famille de Fallou Sène à la réduction des prix des tickets de restaurant, en passant par l’augmentation des montants de la bourse et la mise en place prochaine de moyens consistants dans nos universités.
Les analystes les plus perplexes opposeront leurs critiques à l’action présidentielle et à la manière dont elle se produit. D’autres la questionneront probablement, à juste titre d’ailleurs. N’existait-il pas déjà, avant la mort de l’étudiant Fallou, toutes ces préoccupations que l’on cherche à résoudre à la hâte et sans aucune réflexion de base ? Les étudiants n’avaient-ils pas tenté, par la méthode douce, par ruse ou encore subterfuge, de se faire entendre à propos des difficultés vécues en silence dans les campus ? Fallait attendre que l’irréparable se produise pour proposer, comme solutions, d’autres situations venimeuses ?
Dans une analyse récente de la question universitaire, Babacar Justin Ndiaye évoquait l’éventualité d’une apologie de l’ordre qui se serait substitué à la doctrine du maintien de l’ordre, à tel point qu’un étudiant a perdu la vie. Il semble légitime de soupçonner, chez nos gouvernements, l’éventualité d’une aversion pour l’anarchie dans les campus et la cessation des cours en pleine année universitaire alors que le Président s’attache à rappeler le caractère gigantesque des investissements réalisés dans le secteur de l’enseignement supérieur.
Le Sénégal ayant opté de faire de l’enseignement de masse dans ses universités, de pareilles injections de fonds se comprennent aisément. Le choix est assumé, mais il ne fait l’économie d’une réflexion sur la lucidité des orientations et leur éloignement des des calculs politiques et stratégiques. On est en année pré-électorale : chuut ! le Président ne veut pas de remous dans les quartiers, les casernes et les campus. C’est tout ?
Les mesures qui sont décrétées pour nos universités, en particulier lors des épisodes de crises prévisibles, demeurent nécessairement biaisées si l’on renonce à réaliser un inventaire complet et sans complaisance des pathologies dont souffrent nos universités. Je l’avais mis en surbrillance dans un post précédemment publié en ligne. S’il faut le rappeler, il convient de répéter que la question des bourses n’est pas le problème le plus crucial, ni le plus urgent d’ailleurs. Le problème est d’ordre organisationnel, tout en renvoyant à l’absence du minimum de respect des engagements que nous prenons les uns envers les autres. L’Etat a massifié les universités à un rythme déconnecté de celui dont évolue la mise en place des moyens nécessaires. Le gouvernement a imposé une série de réformes intéressantes, mais en faisant l’effort de balayer certaines exigences de qualité et de performance dans espaces de travail.
Nous ne voulons que d’étudiants bien nourris, blanchis et transportés au sein des campus. Au-delà de la question vitale des besoins sociaux, nos universités ont aussi besoin que l’on s’attarde sur les conditions d’enseignement et d’apprentissage. En dévoyant ces aspects qui sont d’une extrême nécessité pour la qualité des prestations de recherche et d’encadrement des étudiants, c’est un avenir qui se retrouve fragilisé.